Le collectif japonais « Stop à l’IA générée sans autorisation » a été lancée cette semaine par un groupe de 26 comédiens de doublage Japonais, dont Ryusei Nakao (la voix japonaise de Freezer), Yuki Kaji, Romi Park et Koichi Yamadera. Leur objectif est n’est pas d’interdire, mais d’encadrer l’IA, et de créer des règles culturelles, éthiques, et de mener des discussions pacifiques avec des experts, sans échanges blessants, pour trouver un terrain d’entente sur cette technologie qui est déjà hors de contrôle.
Hasard du calendrier (ou pas…), la semaine dernière, on apprenait que la voix de Masako Nozawa (Goku) et d’autres acteurs japonais allaient être transformées en IA au Japon, avec leur accord explicite. L’objectif n’est pas de donner carte blanche aux IA pour faire n’importe quoi, mais au contraire de collaborer avec des agences pour justement protéger les droits des artistes et d’explorer les possibilités offertes pas les IA.
« Ma voix a été vendue sans mon autorisation »
« Ma voix a été vendue sans mon autorisation ». C’est ainsi que Ryūsei Nakao (la voix japonaise de Freezer), démarre cette première vidéo, accompagné de 25 autres acteurs japonais. Ensemble, ils ont lancé une campagne un peu spéciale pour militer contre les dérives des intelligences artificielles (IA), et plus particulièrement de l’IA générative.
Définition de l’IA générative
L’IA générative est une technologie capable de créer du contenu nouveau, comme du texte, des images ou des sons, en s’appuyant sur des modèles d’apprentissage automatique qui analysent de grandes quantités de données existantes. Concrètement, c’est ce qui permet à n’importe qui de faire n’importe quoi, comme faire chanter Cha-La-Head Cha-La à Johnny Hallyday, imaginer les scénarios des prochains films Dragon Ball, ou même générer des photos du tournage du prochain film Dragon Ball.
Les acteurs japonais veulent reprendre le contrôle de l’IA
Le mardi 15 octobre, une opération de communication un peu particulière nommée « Stop à l’IA générée non-autorisée » a débuté au Japon, et une première vidéo baptisée « épisode 0 » a été mise en ligne sur leur chaîne YouTube. Comme l’explique la description de la vidéo sur YouTube, le but de cette campagne est d’instaurer un dialogue pacifique avec des experts pour discuter de la meilleure manière d’utiliser ces nouvelles technologies, et non de se blesser mutuellement. L’idée est d’impérativement éviter les conflits – on est au Japon. Le style de communication japonais reflète toujours l’importance accordée au maintien de l’harmonie.
Certains acteurs francophones ont récemment sorti une vidéo similaire, mais en ayant fait l’erreur (selon moi) d’avoir un peu trop diabolisé l’IA en expliquant que l’IA c’est nul, c’est dangereux, ça détruit des emplois, ça donne la diarrhée, etc.
Le projet japonais est encore tout nouveau, mais il se veut plus humble. Il réunit 26 acteurs de voix célèbres, dont Ryusei Nakao (Freezer), Yuki Kaji, Jun Fukuyama, Yuko Kaida, Joji Nakata, Romi Park et Koichi Yamadera, qui partageront leurs expériences. Pour cet épisode 0, Nakao raconte son étonnement lorsqu’il a découvert que sa voix avait été vendue sans son autorisation, affirmant que « nos voix sont nos outils de travail et notre vie entière ».
Traduction de la vidéo : « Ma voix a été vendue sans autorisation. J’ai été choqué. Notre voix est un outil commercial et notre existence à part entière. S’il vous plaît, écoutez les sentiments de nos acteurs de voix à qui les voix ont été utilisées par des IA sans autorisation. Stop à l’IA générée sans permission ! » (Ryusei Nakao, voix japonaise de Freezer).
Communiqué officiel
Nos sentiments
« Des lectures à haute voix, des chansons, et même notre propre voix, que nous n’avons jamais enregistrées, sont publiées sur Internet et parfois vendues. Notre voix est notre outil de travail, une partie intégrante de notre vie et une part précieuse de nous-mêmes, avec laquelle nous avons grandi.
Ryusei Nakao
Même si ce sont des fans qui, en se disant « Je veux entendre cette voix davantage », ont utilisé nos voix, son utilisation non autorisée reste désagréable. Les nouvelles technologies apporteront de grands avantages à l’humanité à l’avenir. Cependant, il est important d’élargir notre vision en prenant en compte les sentiments des autres et la manière dont la culture future se construira. Nous devons avoir des discussions collectives sur la façon d’utiliser ces technologies. C’est dans ce but que nous avons créé cette vidéo.
Plutôt que de nous engager dans des échanges blessants, nous devrions mener un débat pacifique, en impliquant des experts, pour élaborer des règles culturelles.
Pour ne pas épuiser le terreau qui permettra de créer de grandes œuvres, même dans 10 ou 20 ans. »
Notre définition de « génération non autorisée par IA »
« Il s’agit de contenus générés par l’IA, appris, créés et publiés sans l’autorisation des interprètes ou des détenteurs de droits d’auteur. En octobre 2024, selon la loi, « l’apprentissage pour l’analyse d’informations » et « l’apprentissage à des fins non récréatives » sont exclus du cadre de la loi sur les droits d’auteur, mais l’apprentissage supplémentaire reste sujet à débat. Les œuvres générées par l’IA qui permettent de reconnaître la voix ou l’expression de quelqu’un peuvent enfreindre non seulement les droits d’auteur, mais aussi les droits de la personnalité. Cela peut causer de la tristesse et des blessures. Nous voulons que davantage de gens soient informés de cette situation. »
Et vous, quel est votre point de vue sur tout ça, et sur l’utilisation de l’IA dans le cinéma et d’autres secteurs ? Vous pouvez donner vos avis en commentaires !